La tension du marché désigne l’écart entre le prix du contrat d’énergie le moins cher et celui du plus coûteux proposés sur le marché. Calculée chaque mois en fonction des tarifs proposés par les fournisseurs, elle permet de mesurer l’écart de prix des différentes offres. Un écart important signifie qu’en choisissant bien son contrat, un consommateur peut réaliser des économies substantielles sur sa facture de gaz et d’électricité.
En 2024, les tensions sur le marché de l’électricité et du gaz se sont accentuées par rapport aux années précédentes, rendant le choix du « bon contrat » encore plus crucial pour les ménages. Nous avons analysé l’évolution de la tension du marché pour un consommateur médian en Région de Bruxelles-Capitale, soit une consommation annuelle de 2 036 kWh en électricité et 12 728 kWh en gaz[1].
1 Électricité : un écart de prix en hausse
L’écart moyen annuel entre le contrat le moins cher et le plus cher a encore augmenté en 2024, atteignant 307 euros, contre 250 euros en 2023 et 193 euros en 2022. Cette augmentation traduit une offre plus diversifiée en 2024, mais aussi une forte disparité des prix selon les fournisseurs et les types de contrats.
La moyenne annuelle du contrat le moins cher est de 615 euros, celle du contrat médian est de 735 euros. Celle du contrat le plus cher étant de 918 euros avec un pic en janvier à 971 euros. Ces variations confirment l’importance pour les consommateurs de suivre régulièrement l’évolution du marché et de comparer les offres.

Figure 1. Écart des prix de la facture annuelle pour le consommateur médian d’électricité en 2024
2 Gaz : un écart de plus de 500 euros entre les offres
Du côté du gaz, la situation est similaire. L’écart moyen annuel entre l’offre la moins chère et la plus coûteuse a légèrement augmenté en 2024, atteignant 533 euros, contre 467 euros en 2023. Toutefois, on observe une baisse importante de l’écart entre le tarif social et le contrat le plus cher, passant de 1 019 euros en 2023 à 776 euros en 2024.
Cette diminution s’explique principalement par la stabilisation des prix de marché après la crise énergétique. En 2022-2023, les tarifs avaient atteint des niveaux extrêmement élevés, tandis que le tarif social était plafonné, amplifiant ainsi la différence entre ces deux catégories de contrats.
En 2024, la moyenne annuelle du contrat le moins cher est de 894 euros, celle du contrat médian est de 1 102 euros, contre 1427 euros pour la moyenne du contrat le plus cher.

Figure 2. Écart des prix de la facture annuelle pour le consommateur médian de gaz entre janvier 2024 et décembre 2024
3 Comparaisons des offres classiques et numériques
Nous avons également comparé les tensions du marché pour les contrats « classiques », c’est-à-dire en excluant les contrats numériques et les offres conditionnées (voiture électrique, panneaux solaires, etc.). L’objectif était de vérifier si les contrats numériques, accessibles uniquement via Internet, offraient les meilleurs prix. Cela pose une question importante : les usagers qui n’ont pas accès à Internet ou qui préfèrent gérer leurs factures autrement sont-ils privés des offres les plus compétitives ? Le but est de comprendre si la fracture numérique peut avoir un impact concret sur l’accès aux contrats d’énergie les plus avantageux.
Les années précédentes, l’écart sur une facture annuelle entre le contrat tout numérique le moins cher et le contrat « classique » le moins cher était bien plus important. En général, les fournisseurs proposaient leur contrat d’appel sous forme numérique. Mais en 2024, grâce à l’offre Mega via Test Achats, le contrat le plus avantageux pendant la majeure partie de l’année était un contrat classique.
Pour le gaz, la comparaison entre tous les contrats et les contrats classiques montre une différence négligeable. Sur l’année, l’écart moyen entre le contrat le moins cher et le plus cher n’est que de 3 euros entre ces deux catégories. Une différence apparaît uniquement en janvier et février, mais dès mars, le contrat le moins cher est identique dans les deux cas. Pour l’électricité, l’écart est tout aussi minime, c’est pourquoi nous ne présentons ici que les résultats pour le gaz.

4 Comparer les contrats : une nécessité pour limiter la facture
En combinant électricité et gaz, un consommateur médian a fait face lors de son choix à un écart moyen annuel de 840 euros entre le contrat le plus cher et le moins cher. Cette différence souligne l’importance de comparer les offres. Toutefois, cette démarche se heurte à plusieurs obstacles. La complexité des formules de prix des contrats à tarif variable rend leur comparaison difficile. De plus, les comparateurs présentent des limites : ils ne permettent pas d’intégrer la formule d’indexation d’un contrat en cours pour la confronter aux offres actuelles.
En conclusion, le marché de l’énergie reste marqué par des écarts de prix conséquents et des évolutions notables selon le type de contrat. Pour les usagers, la vigilance et la comparaison des offres restent les meilleures armes pour éviter une facture trop élevée.
[1] Les profils de consommation utilisés ici sont basés sur les chiffres précédemment utilisés, mais ils ne correspondent plus aux consommations réelles des ménages bruxellois. Sur base des données de consommation actualisées, le régulateur bruxellois (Brugel) a revu à la baisse ces valeurs. Nous utilisons les anciens profils de consommation dans ce rapport, puis ils seront abandonnés au profit des nouveaux pour toute analyse en 2025.